Le premier quart du col à grand dénivelé est enfin passé. J’entrevois la zone de ravitaillement. Et je peux crier que je suis soulagée, fière de moi, excitée à l’idée de me ressourcer avant de continuer.

Allez ma cocotte, profite de cet instant, pose ta bicyclette et regarde un peu derrière toi : c’est toi qui l’as fait, toute seule comme une grande, tu as grimpé, tu as souffert, tu as trouvé toutes les ressources pour continuer à pédaler malgré la souffrance, les doutes, la peur, l’envie d’abandonner. Tu appréhendais mais voilà, c’est fait.

Allez ma poulette, profite du présent, enlève ton maillot humide et regarde-toi. Tu vas bien, tu es fatiguée, tes petits muscles et cicatrices te font mal, mais si peu en comparaison de l’effort fourni. Même ton corps est là pour t’aider, lui aussi fait parti de tes fidèles amis.

Allez ma chérie, profite de ce moment, essuie la sueur de ton visage et regarde juste devant toi : le deuxième quart ne sera pas plus difficile, ton oncologue chéri te l’a confirmé. Tu ne souffriras pas beaucoup plus. Bon ok, tu seras peut-être fatiguée de la première montée, moins poilue et moins chevelue, mais c’est l’été après tout, il fait chaud, et puis la boule à zéro et le ticket de métro c’est rigolo.

Allez ma belle, profite de cette pause en zone de ravitaillement, laisse couler tes larmes de bonheur et observe autour de toi : ta famille et tes amis t’attendent pour te câliner, t’applaudir, boire un coup et manger des galettes avec toi. Tes baskets et ton tapis de yoga sont prêts à l’emploi, c’est Docteur Produlolo qui l’a dit. Tes enfants se mettent au boulot pour faire briller ton vélo, ils sont si fiers de leur maman.

Deux semaines de repos, deux semaines de vacances, deux semaines pour repartir en pleine forme avec un moral d’acier. Je sais que je peux y arriver maintenant. Je l’ai fait une fois, alors pourquoi pas 2,3 même 4 puisque c’est ce qui m’attend avant de crier que je suis arrivée au sommet.

Je suis un peu fatiguée mais je suis si comblée par tant d’amour autour de moi et emplie d’espoir d’y arriver sans trop de difficultés.

J’ai un peu mal au ventre et quelques nausées mais je suis si fière que tous mes efforts soient récompensés. Il faut se l’avouer, ce n’est pas que de la chance, j’ai une hygiène de vie très stricte pour arriver à ce résultat et je m’y tiens, je suis une bosseuse rigoureuse.

J’ai quelque douleurs musculaires mais je suis si optimiste quant à l’énergie qui reste en moi. J’ai envie de rire, de m’éclater, c’est bon signe ça : une ValooCroft qui n’a rien perdu de son humour, de ses jeux de mots rigolos et qui se sent en forme pour continuer à écouter ses amis quand ils en ont besoin.

Je ne suis pas impatiente de remonter sur le vélo, je veux que ces deux semaines passent lentement, savourer chaque instant, me nourrir de chaque minute, capter chaque onde positive que l’on m’offre si généreusement.

Plus que jamais, je veux profiter de ce moment avec mes enfants et mon mari pour faire le plein de tendresse… elle manque tant lorsqu’on est seul et en plein effort.

Plus que jamais, je veux célébrer mes 44 bougies qui ont eu la bonne idée de se manifester en pleine zone de ravitaillement. Il me reste suffisamment de souffle pour les éteindre d’un seul coup et voir mon vœux le plus cher se réaliser.

Je suis vivante, pleine de vie.

Et qui sait, il y a peut-être un super stand à cadeaux…