Peur et là …

J’accepte, je m’accroche à l’espoir, j’ai envie d’y croire, je ne veux pas jeter l’éponge, je ne peux pas jeter l’éponge.
C’est par cette phrase que j’ai clôturé mon dernier texte de l’année, et c’est dans cet état d’esprit que je l’ai terminée aussi.
En l’écrivant je n’ai pas pris conscience de sa puissance, de son importance. Mais aujourd’hui, je réalise qu’elle est tout simplement parfaite comme synthèse de mes derniers trois-cent-soixante-cinq jours passés en 2020.
Je crois que je n’ai pas envie d’en rajouter, pas envie d’expliquer, pas envie de ressasser.
J’ai accepté de vivre avec ce cancer qui me colle au derrière.
Je me suis accrochée à chaque fois qu’il me l’a exigé.
J’ai toujours eu envie de croire qu’il y avait de l’espoir, même dans mes jours les plus noirs.
Je n’ai jamais jeté l’éponge bien que parfois cela me ronge.
Je ne peux pas jeter l’éponge, je veux que ma vie se prolonge.

La nouvelle année ne commence pas comme je l’aurais rêvée, elle n’est pas pailletée, ni entourée de jolis souhaits.
Elle débute comme elle s’est terminée. Les douleurs s’accentuent et me font peur, ma libido fait du yoyo, Mademoiselle Fatigue s’impose à moi dès que je fais un faux pas, mes doutes et mes peurs ne se sont pas enfuis aux douze coups de minuit.

Pourtant, j’ai passé de magnifiques moments ces derniers temps. J’ai pu profiter des membres de ma famille longuement grâce au confinement. J’ai été choyée et chouchoutée comme jamais. J’ai bu du Pouilly-Fumé avec mes êtres aimés, du champagne les pieds dans l’eau de Pornic avec mes amis fantastiques. J’ai même eu la merveilleuse chance d’apprendre la veille de Noël que me petits nodules m’autorisaient à boire quelques bulles pour arroser leur bénignité. J’ai passé des vacances de rêve avec des moments touchants, des échanges émouvants, des gens charmants, des proches aimants. J’ai vécu des instants de rigolade, de légèreté, de folie douce, de petits délires…

Je devrais être comme beaucoup d’entre nous, ressourcée, regonflée, prête à partir sur cette nouvelle année, pleine de résolutions, de bonnes intentions, de rêves à réaliser, d’envies à assouvir, de portes à ouvrir.
Mais non, rien de tout cela pour moi. J’ai beau faire l’effort, il ne se passe rien, nada, « que dalle ». Je suis restée bloquée dans cette dernière année envahie par cette peur de l’avenir.

Je crois que, malgré mes capacités à me bouger, à entreprendre des projets, pour rester le plus en vie possible malgré des conditions pénibles, la peur m’a eue, elle a pris le dessus.
Elle me tétanise aujourd’hui et me fait douter de tout ce que je fais.
Je suis connue pour ne pas avoir froid aux yeux, mais là, c’est tout mon corps qui est frileux.
Je suis connue pour foncer quels que soient les obstacles devant moi, mais là, il n’y a que ces géants que je vois.
Je suis connue pour me concentrer sur le beau, la lumière, les belles intentions, mais là, c’est le temps gris, mes défauts, mes petits soucis de libido qui me montent au cerveau.
Je suis connue pour fêter chaque victoire, mais là, je n’y arrive pas. Je fais semblant, je lève mon verre à ma santé, je souris à mes invités, mais pas une seconde je n’y crois.
Tout ce qui me passe par la tête, c’est que probablement, bientôt une autre tuile tombera.
Je fais semblant, je mens, car je ne veux pas que cela se voit, je ne veux pas faire de la peine autour de moi. Et puis, c’est étonnant, mais je ne veux pas que l’on croit que ça ne va pas pour moi, car bizarrement ce n’est pas le cas.

Je ne suis pas malheureuse de vivre avec cette peur, je ne suis pas déprimée de la voir me pétrifier, je ne suis pas au fond du trou du tout. Ne l’oublions-pas, « j’accepte, je m’accroche à l’espoir, j’ai envie d’y croire, je ne veux pas jeter l’éponge, je ne peux pas jeter l’éponge ».
J’accepte que cette peur me force à une pause pour enfin me guider vers de nouveaux chemins, peut-être aussi de nouvelles manières d’appréhender ma vie, mon avenir et que bientôt je pourrai m’en réjouir.
Je m’accroche à la conviction que ce n’est qu’une étape de transition, peut-être indispensable pour transformer ma longue croisade en voyage sans nuage.
J’ai envie de croire qu’elle est de bonne intention, qu’elle s’éternise un peu pour s’occuper de moi au mieux.
Je ne veux pas jeter l’éponge face à elle, je ne veux pas la combattre pour autant, je veux apprendre à la connaître, comprendre ce qu’elle attend.
Je ne peux pas jeter l’éponge. Malgré sa présence, je sens au fond de moi, que ce n’est pas dans le noir qu’elle m’emportera, mais bel et bien vers une autre voie.

Alors non, je n’ai pas de belles résolutions, mais j’ai tout de même quelques intentions sans grande révolution.
Je me souhaite de vivre avec tout ce que j’ai, d’aimer ce que je suis aujourd’hui, et de laisser venir ce qui doit advenir.
Je me souhaite vivante avec un grand V.

2 commentaires

  1. Je te souhaite d’être toi avec tes hauts et tes bas, toi entièrement toi sans faux semblant
    C’est comme ça que l’on te veut et que l’on t’aime
    Mimi des îles qui t’aime au loin

    Aimé par 1 personne

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