Chemin étoilé

Comment ne pas perdre pied après ces dernières semaines passées? Ce matin, les larmes et les douleurs montent, grimpent, explosent de partout… Cette question me hante, mes démons me la chantent, comment ne pas perdre pied?
Il faut dire qu’il y a eu tellement d’événements, certains charmants et d’autres plus alarmants. Mon coeur s’en est pris de toute part, de l’amour, de l’espoir de la peine et du désespoir.

Deux êtres qui me sont chers se sont envolés. Je n’ai pas eu le temps de pleurer le premier que le second s’en est allé. Avec eux, certaines de mes racines, celles qui me maintiennent bien accrochée à cette terre parfois hostile, se sont vues abîmées, déchirées…
Je me sens déséquilibrée, comme si je devais marcher avec un seul pied.
Je me sens tiraillée par l’envie, comme eux, de m’envoler.
Imaginez-moi, là devant vous, un pied scellé au sol et un bras tendu vers les étoiles, les autres membres, je ne les vois pas, je ne les ressens pas.
Je leur en veux d’être partis mais je les envie aussi car, des douleurs de ce cancer, ils se sont libérés.
Oui, des douleurs ils sont libérés… Et là aujourd’hui, c’est un rêve que j’aimerais exhausser : faire disparaître la totalité de ces souffrances à outrance, ressentir la délivrance.

Il faut dire, que grâce à mon formidable Docteur OncoVieuxBeau, je viens de passer trois magnifiques semaines. Lors de notre dernier tête à tête, des vacances il m’a préconisé… Et oui, de vrais congés d’été : trois semaines sans aucun petit cachet. Certes, l’objectif était de me sevrer, de récupérer pour mieux recommencer, mais moi, j’en ai bien profité. J’ai si vite ressenti les effets positifs de son absence que je l’ai immédiatement oublié ce petit cachet : un corps de jeune fille, une souplesse de déesse, une énergie de folie… enfin presque.
Mais le principe du congé est qu’il finit par s’arrêter. Cela fait une bonne semaine que j’ai repris le chemin de l’hormonothérapie avec une nouvelle amie prénommée Aromasine, presque mignon comme petit nom.
Cela fait une semaine qu’Aromasine m’investit, me plante ses épines.
Cela fait une semaine que je sens qu’elle me tend les muscles, me crispe les tendons, me bouffe les articulations, et me rend toute ramollo… Et aujourd’hui, elle m’a offert un petit bonus, elle m’en a mis pleins le dos, mais tellement, qu’elle m’a donné un énorme coup de chaud (je crois que l’on peut parler de malaise vagale, mais c’est trop moche à écrire et ça ne me fait pas rire). Cela fait une semaine que j’observe ma décomposition, qu’elle est « normale », qu’elle ne doit pas m’alarmer, que je dois l’accepter, mais au fond de moi, aujourd’hui, elle me fait pleurer.

Cela fait aussi une semaine que je pense à ces deux hommes, mes racines étoilées.
Je me dis, que là où ils sont, les douleurs se sont envolées, je me demande si je ne serais pas mieux là-haut avec eux… Mais voilà, j’ai beau tendre le bras vers ces deux étoiles là, mon pied lui, semble très bien accroché et pas décidé à me lâcher. Je baisse le regard pour tenter de comprendre pourquoi il s’acharne ainsi à me maintenir sur cette terre de douleurs, ce sol de pleurs. C’est avec une immense joie, un souffle apaisé, que je découvre un tableau magnifique : un tapis d’étoiles, que dis-je, un chemin étoilé et sans fin…

Non, cette période n’est pas que peine et souffrance, elle est aussi et surtout remplie d’incroyables expériences, d’amitiés que je ne souhaite pas quitter, d’amour que je rêve pour toujours.

Alors que je crois sombrer, ces étoiles s’illuminent devant moi, sous ce pied accroché, et n’attendent qu’une seule chose, que je les prenne contre moi. Cette image me parle tellement, me soulage vraiment.
Là, maintenant, devant mon écran, je pense à Lilia et son joli projet qui m’a fait cheminer, à Elodie et ses idées de folies qui me rappellent que mon prénom est Valérie, aux Roses Poudrées et leurs envies de pousser les barrières de cette année Covidée, et puis à Marie et Marine qui voient en moi un potentiel inavoué.
Toutes ces petites étoiles, je les ai cueillies, aimées, et dorlotées…
Toutes ces petites étoiles sont sur mon nouveau chemin, celui de la vie.
Toutes ces étoiles ne sont pas dans le ciel, mais bel et bien sur terre, et j’en ai besoin.
Toutes ces étoiles vont m’aider à, non seulement ne pas perdre pied, mais retrouver le second qui apparemment s’est caché.

4 commentaires

  1. Magnifique texte tellement poignant que j’ai lu avec beaucoup d’émotion.
    Merci Valoo d’exprimer ces maux que les traitements nous font vivre au quotidien et tous ces moments entre espoir et désespoir que nous connaissons toutes.
    Douces pensées à toi.,

    Aimé par 2 personnes

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