À bord du navire

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Ce matin, le réveil est difficile pour moi malgré une veille sous le signe de la chance. Je suis en arrêt de travail pour récupérer un peu de tout ce parcours et être en forme le jour de l’opération. La date n’est pas encore arrêtée, mais cela ne saurait tarder.

Être en arrêt de travail, c’est une expression qui ne colle pas à la peau d’une ValooCroft, et qui ne devrait même pas exister. Je ne m’arrête pas, je n’ai rien, je ne suis pas handicapée, j’ai ma tête, mes bras, mes jambes, c’est suffisant pour aller bosser. Il n’y a que les rats qui quittent le navire. Moi, je suis un matelot!

Je vous l’accorde, je dors si peu que je n’arrive plus à ouvrir les yeux le matin, mais je me secoue, je prends un, deux ou trois cafés, je me pince les joues pour mesurer ma vivacité, je cache mes petites cernes et la machine repart… mais de plus en plus doucement malheureusement.

Et puis, je vais faire quoi moi pendant ce temps là? Mes coéquipiers et mon capitaine ont besoin de moi. Si j’ai un rôle dans ce navire, c’est qu’il doit probablement servir à quelque chose. Donc la logique voudrait que, si je ne le joue plus, ce soit compliqué. Qui sait? On pourrait chavirer…

Bon ok, depuis deux mois, avec mon capitaine, on a essayé d’anticiper ma future potentielle, probable, inévitable absence. Et puis, on a monté des plans pour que le navire continue son voyage. J’ai un très grand Boss avec du caractère, une allure de tonton flingueur, et un cœur en or.

« Valérie, ta santé est la priorité. Tu peux travailler c’est super, tu ne peux pas c’est pas grave, tu peux juste un tout petit peu, c’est bonus. Ne t’inquiète pas pour le travail, c’est ta santé d’abord et tu as et auras tout notre support ».

Sérieusement, ça donne envie de s’arrêter ce genre de discours? En tous cas, moi, pas du tout, j’ai envie de continuer le voyage avec un capitaine comme lui. Et là, je ne parle même pas de l’équipage, mes amis les matelots qui sont à bord et qui sont tous sur le pont avec moi. Ils vont bien trop me manquer si je ne les vois plus, si je n’ai plus de super projets ou problèmes à gérer avec eux. J’ai besoin d’être matelot parmi eux, me sentir en vie et utile.

J’ai bien conscience que chacun vit son activité professionnelle à sa manière, mais pour ma part elle fait partie intégrante de mon équilibre. Sans elle, je flanche, je boite, je meurs un peu. Et là, je suis à quai, et je les regarde s’éloigner.

Je me sens si heureuse chaque matin en prenant mon poste. Même si parfois je regrette cet état de bonheur lorsque la journée est difficile, que la météo n’ait pas été des meilleures, je sais que demain est un autre jour. Le vent sera plus favorable et les voiles feront le reste.

Le travail n’a pas besoin de moi, un matelot de plus ou de moins ne change rien, mais c’est moi qui a besoin de lui. Il est une source d’énergie incroyable et m’en couper est un déchirement. Je suis à quai et je les regarde s’éloigner.

Je sais qu’il faut que je me repose, je sais qu’il faut que je me concentre et que j’ai déjà bien assuré depuis 2 mois.

Mais je sais aussi que si j’ai encore de l’énergie, c’est aussi grâce à ce gros navire bien solide, ce capitaine tonton flingueur et tous ces matelots sur le pont.

Mais nous nous sommes faits des promesses : Dès que je suis prête, il reviennent me récupérer. Si j’ai besoin d’eux, juste une journée pour retrouver les bonnes sensations des voiles au vent, il passent me chercher. Si je peux aider tout en étant à quai, je le fais.

Je suis à quai, je les regarde s’éloigner, je leur souris et leur dis à très bientôt les amis matelots.

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