La danseuse

img_3055Depuis  plusieurs jours, je traînais ma carcasse, j’étais lasse, incapable de bouger sans râler. Lorsqu’on me demandait comment j’allais, je répondais que c’était moyen ou assez bien. Je mentais car c’était pire en réalité mais je ne voulais pas effrayer, j’espérais que ce soit passager.

Malgré mon état de vieille danseuse rouillée, j’ai réussi à profiter des fêtes de fin d’années en me disant que je devais faire des efforts, suivre le rythme de la musique comme je pouvais. Je me suis nourrie de tout ceux qui ont dansé pour moi comme dans un ballet enchanté : mes amis à Nantes, mon grand garçon et sa détermination d’Héraclès au travail, mon prince charmant tendre et présent, ma fille Top Chef en cuisine, mon frère et mes neveux à la maison, ma sœur et son amoureux si doux et généreux… ils ont tous été si merveilleux, j’en ai pris plein les yeux.

Chacun de ces moments a été comme une sorte de petit médicament que j’ai ingéré délicatement à mon insu jusqu’à ce que j’en ressente les effets bénéfiques au fond de mes tripes. J’ai commencé tout doucement à ressentir la musique, mon corps s’est redressé, mon regard s’est rallumé. Je crois que ça a fonctionné, je me suis réveillée lundi matin et j’allais bien, vraiment très bien.

Bien évidement, je me suis demandée ce qui avait pu changer comme par magie. Je n’ai pas eu à chercher loin, car c’était là juste devant moi : mes enfants heureux, mon mari amoureux, ma famille merveilleuse et mes amis joyeux.

J’avais tout simplement cessé de regarder devant moi quelques instants et m’étais égarée en dedans. Je suis convaincue que ce temps de blues, de moral dans les shoes, a servi quelque chose, mais il m’a ramollie aussi.

J’ai eu besoin de relever la tête, de me faire grande et d’ouvrir les yeux vers mon point d’équilibre pour être de nouveau envahie comme par magie par tout le beau et le bon qui m’entourent. Je sais depuis longtemps que je puise mon énergie et mon courage devant, et non en moi, mais je me suis perdue quelques jours à l’intérieur avec mes douleurs.

Ce fameux jour de rentrée est marqué par le retour de la danseuse concentrée sur son environnement bienveillant. Mon port de tête et mon regard fixé droit devant me donnent l’équilibre dont j’ai tant besoin pour avancer sans trébucher.

Mes enfants reprennent le chemin de leur avenir à eux, avec des petits yeux fatigués mais émerveillés par les festivités. Mon mari redémarre en douceur après des vacances ressourçantes et apaisantes. Mon dieu qu’il est beau!

J’ai tendance à penser que je les abîme avec mon ballet chaotique, que je remplis leur sac à dos de boulets bien trop lourds à porter sans se blesser. Mais quand je les regarde en ce début d’année, ce ne sont pas des petits êtres fragilisés que j’observe, ce sont des forces de la nature qui savent profiter de la vie et de ce qu’elle leur donne. Alors, je prends le temps de savourer ce magnifique tableau. Ils sont heureux, cela se voit, c’est évident.

Ils ont traversé toutes les épreuves avec moi sans jamais me lâcher du regard. Ils s’adaptent à mon rythme lorsque cela est nécessaire, mais reprennent leur pas dès que ça va. Ils demeurent légers et joyeux, je suis si fière d’eux.

Si mes enfants et mon mari arrivent à traverser tout cela en gardant leur joie de vivre, leur confiance en notre avenir et leur désir de construire, alors moi aussi je peux le faire. Je le leurs dois. Nous sommes tous les quatre la tête d’affiche d’un ballet incroyable.

C’est une sacrée leçon que je prends là. C’est le petit coup de fouet qu’il me fallait je crois. Je viens enfin de me réveiller après plusieurs jours en apnée.

 

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