Aujourd’hui, le cardiologue m’a annoncé que mon joli petit cœur était musclé et merveilleux. Cela pourrait être une information sans intérêt, mais pour moi c’est important et symbolique aussi.
Mon cœur est musclé. C’est une nouvelle qui me rassure car la chimiothérapie l’avait bien affaibli. Je ne pouvais plus monter d’escalier sans être essoufflée, mais c’est du passé.
Il bat au moins aussi bien que celui d’un marathonien. C’est tant mieux car je vais en avoir besoin pour encaisser les effets de la thérapie ciblée sur une longue durée.
Il est joli et merveilleux. Ça n’est pas très utile à mon combat et pourtant c’est ce qui me semble le plus important à cet instant…
Depuis quelques jours, je me prépare à une grande étape du début de ma nouvelle vie. Il s’agit de ma reprise professionnelle.
J’ai entendu ceux qui m’alertent sur le caractère prématuré de cette volonté.
J’ai entendu que ma santé est la priorité et qu’il ne faut pas s’emballer.
J’ai entendu que de cette période sans activité, encore un peu, je peux profiter.
Ces phrases bienveillantes et importantes ont généré en moi une sorte de petits séismes annonciateurs d’un tsunami.
Mon cœur, mon joli et merveilleux petit cœur sursaute et s’agite d’angoisses au point de me faire peur. Il provoque des secousses qui me foutent la frousse.
Pourtant, je n’envisage pas les choses autrement. Il n’est pas question de renoncer. Il n’est pas envisageable de reculer uniquement pour rassurer ce petit muscle peureux et manipulé.
J’ai tellement envie de retrouver ma jolie vie bien remplie.
J’ai tellement envie de reprendre un rythme qui ressemble à celui de mes amis.
J’ai tellement envie de sentir l’adrénaline prendre le pouvoir sur mes idées noires.
J’ai tellement envie de parler d’autres choses que de médecins, de traitements, de chirurgie et autres petits bonheurs de cette maladie pourrie.
J’ai tellement envie de ressentir ma confiance, mon entrain et mon énergie traverser tout mon corps pour aller se glisser dans mon cœur.
Alors oui j’ai peur, mais j’ai tellement envie.
Aujourd’hui je suis rassurée car le monsieur a dit que mon joli petit cœur était musclé et merveilleux.
Même s’il tremble un peu parce qu’il appréhende la rentrée, il ne va pas me lâcher et m’aider à surmonter ma petite « flipette de poule mouillée ».