Un mois – Et moi

Cela fait un mois que mon corps a changé, qu’il est dépourvu de nénés. C’est un moisiversaire qui n’est pas sans me déplaire. Un souffle de liberté continue de m’entourer. Cette période de convalescence me fait avancer doucement dans ma renaissance.

Chaque jour qui passe améliore l’enveloppe de mon corps. Mes cicatrices se referment, s’éclaircissent et s’aplatissent. Elles me font signe quotidiennement par quelques douleurs et démangeaisons, mais rien qui me fasse douter de ma nouvelle habitation.

L’épreuve de la douche, par le contact de mes mains sur mon torse, se fait plus apaisante bien qu’encore un peu chamboulante. Je n’ai plus peur de me sentir nue, de laver mes plaies et de sécher mon corps mouillé.

J’ai retrouvé l’usage de mes bras, j’ai pris ma voiture même quelques fois. Je me surprends à sourire au regard de ma capacité à passer les vitesses sans aucune douleur ni tristesse.

J’ai vidé mes placards, j’ai supprimé tous les vêtements cauchemars. Les robes à décolleté exigeant des nénés, les petits pulls moulants ou à col montant ont été sélectionnés pour un vide-dressing bien particulier. Les copines sont venues me libérer des ces bouts de tissus inadaptés à mes seins disparus. Grâce à elles et leur générosité, je vais pouvoir partir en virée shopping et remplir mon dressing de jolies nouveautés.

Ma féminité est intacte, je dirais même qu’elle se réveille d’une longue période d’endormissement comme la belle au bois dormant. Je ne saurais l’expliquer, mais je me sens femme jusqu’au bout des seins, ou plutôt jusqu’au fond des reins.
Est-ce le sentiment de liberté qui l’a fait sortir de l’anesthésie ?
Est-ce la sensation de vie qui l’a fait bondir de son nid?
Je n’en sais rien, mais je ressens la femme que j’étais, que je suis et que je serai : sensuelle, coquette, et plutôt chouette.

Mais cette période de convalescence n’est pas que renaissance. Elle tente de me bouffer l’existence.

Mon corps est vide d’énergie, ma tension est basse, mon manque d’entrain me lasse. Je ne sais que penser de cet état de pseudo coma qui me met toute à plat.

Mon coeur a envie de projets, de bouger, de danser et parfois même d’aller travailler. Je lui ordonne de convaincre mes membres de se soumettre à mes désirs, mais je dois me résigner, je manque d’autorité.
Les dix-huit derniers mois de traitements et de chirurgies à répétition ont certainement puisé une grande partie de ma vitalité malgré ma ténacité et mon moral d’acier.
Mon capital énergie doit se renflouer, mes muscles ont besoin de se tonifier et ma tension de remonter.

Et puis, il y a cette nouvelle petite boule apparue ces derniers jours au dessus de mon nichon droit disparu. Je ne suis pas inquiète, je ne veux pas croire au « jamais deux sans trois ». Mais je dois de nouveau attendre qu’un examen vienne réellement me détendre. Je mets encore une fois ma famille et mes proches en tension alors que je pensais que cette ultime opération les libèrerait de toute pression.

Je suis fatiguée de cette croisade, fatiguée de ne pas réussir à véritablement éloigner les batailles contre ce crabe et toutes les peurs et douleurs qui l’accompagnent.
Je voudrais des vacances avec une option « amnésie de folie » pour un petit prix pour moi et ma famille jolie.

Malgré tous ces petits tracas et aléas, je demeure accrochée à l’idée que cette période de convalescence me fait avancer doucement dans ma renaissance bien qu’elle me bouffe encore un peu l’existence.

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