
Voilà un bon petit moi que je n’ai pas écrit comme je me l’étais promis.
Je m’étais engagée à me reposer, à me déconnecter, à dompter mon petit ciboulot pour qu’il me laisse faire dodo.
Mon corps et mon esprit en avaient tellement besoin après cette année de traitements invalidants, de douleurs, d’épuisement, de faux espoirs et de doutes à ne plus quoi en foutre.
Je m’étais engagée à prendre soin de moi et je l’ai fait.
J’ai abusé d’apéros en version « ados », j’ai même trinqué à ma santé comme si j’y croyais.
Je me suis dorée la pilule à défaut de l’ingérer.
J’ai joué avec mes petits neveux chéris, dansé sur des Tik-Tok comme une tata un peu « toc-toc ».
J’ai fait de longues siestes de mémé qui doit se reposer si elle veut profiter du dîner.
J’ai peint quelques croûtes en croyant en mon talent sans aucun doute.
J’ai profité de ma famille, de mes parents, mes beaux-parents, mon frère, ma soeur, je me suis remplie le coeur.
Le bilan de mon engagement est très positif et m’autorise à penser que je vais faire une belle rentrée.
Depuis quelques semaines, les vertiges m’ont enfin lâchée, mais ceux de l’amour ne m’ont pas quittée.
Mon énergie revient petit à petit, elle est bien là et ne s’enfuit pas.
À mon grand étonnement, j’ai réussi à ranger mes deux valises sans aucune pause ni air morose.
J’ai couru quelques kilomètres et fait un peu de vélo sans que le sang ne me monte au cerveau.
J »ai même tenu quelques journées sans sieste et sans finir ma soirée le nez dans mon assiette.
Je suis tellement, mais tellement heureuse de me sentir ainsi en vie, en énergie… Que je ne peux m’empêcher de penser à ma rentrée. Je crois que je ne changerai jamais sur ce coup là, c’est fichu pour moi.
Il me suffit d’un peu de « peps » pour que je reparte à fond les boulons sur des idées, des projets, des pensées… Je vais peut-être devoir consulter pour apprendre à me poser?
Cela dit, qui pourrait me reprocher que le mouvement c’est la vie? Que regarder devant soi, c’est croire, c’est avoir de l’espoir? Que s’investir, c’est se nourrir et s’enrichir?
À part le Docteur OncoVieuxBeau qui pourrait me dire que j’en fais trop, je ne vois pas qui oserait m’en vouloir de croquer ma vie avec tant d’envies.
Je ne suis pas dupe de mes comportements remplis d’élans. Ils me permettent de ne pas trop penser à ma rentrée qui n’a rien de glamour ou d’excitant. Le programme « santé » est bien moins palpitant que mes pensées, je peux ouvertement l’assurer. Il s’agit du mois de vérité avec scanner de la mémère et rendez-vous avec l’expert. C’est maintenant que se dessine mon avenir, c’est ce bilan qui va me permettre de savoir à quelle sauce je vais être mangée, si c’est à base de crustacé ou d’hormonothérapie que je vais avancer dans ma petite vie.
Voilà, c’est dit, je n’y reviendrai plus, c’est promis.
Je préfère prendre de l’avance, rêver de mon expo photo, des projets pour les roses poudrées, d’une fête avec « lâcher de masques » version « jeunes diplômés », d’un avenir rempli de sourires et de beaux délires, de liberté et de santé.
Je préfère concentrer mon esprit sur le capital acquis, avoir confiance en lui. Cette reprise d’énergie, je veux la croire le signe du meilleur pour moi. Je ne veux plus attendre la prochaine douche froide comme l’évidence qu’elle arrivera. C’est un risque que j’ai envie de prendre, avancer dans un monde où l’eau gelée aurait été supprimée.
En grande conscience je me leurre, je divertis mes peurs. Je les empêche de m’envahir en les étouffants de projets, d’activités, de rencontres nouvelles, de clichés rebelles. Je les balade à droite, à gauche, en haut, en bas, je leur donne la nausée pour qu’elle aillent se coucher.
Un thérapeute penserait sans doute que ma technique est à bannir, qu’hypnotiser ses peurs, ce n’est pas les traiter. Mais je lui répondrais avec fierté que je fais de mon mieux, que c’est le cancer dont le traitement est nécessaire… Pour ce qui est du reste de mes petits comportements pourris, et bien je vais miser sur ma longue vie pour les améliorer petit à petit. En attendant, je profite de mon énergie, je regarde devant et je souris.
Bonne rentrée à toutes et tous
Moi, je ne vois pas ça comme une fuite, au contraire mais comme les vrais moments de vie que la maladie n’arrive pas à voler ! Des En – Vies. Bon courage pour le reste, je passe au grand vérificateur aussi. Profite bien des énergies de rentrée où tant de projets sont lancés.
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Merci merci
Bonne rentrée à toi Sandrine 💙
On se tient au courant
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