Chagrins d’Amours

Alors que je m’étais préparée à l’affronter ce mois d’octobre, à lui concéder une sorte d’intérêt. Il m’a trahie, il m’a envahie de tristesse et de chagrin…

Pourtant, je lui ai fait la révérence, j’ai fait preuve d’allégeance en toute élégance.
Je n’ai même pas fermé les yeux lorsqu’il se pavanait de rose fuchsia à outrance.
Je ne l’ai pas enguirlandé lorsqu’il s’affichait de trop de glamour couleur pomme d’amour.
Je me suis écrasée lorsqu’il expliquait qu’un cancer du sein se soignait vraiment bien.
J’ai accepté son état d’esprit festif au profit de ce qu’il prône : sensibiliser, prévenir et soutenir la recherche.
Mais il m’a trahie, il m’a envahie de tristesse et de chagrin…

Alors que j’étais conciliante face à ses évènements parfois perturbants, reconnaissante de son pouvoir de mobiliser, et même fière de contribuer à ses côtés…
Alors que j’ai mis toute mon énergie à pleinement participer, une partie de ma santé au service de ses activités…
Il est venu me dérober cette femme qui n’était autre que ma moitié.
Ma douce Petite Bulle, ma Véro, ma meuf, mon binôme Rose Poudré, elle s’en est allée de ce fichu cancer du sein qui soi-disant se soigne si bien.
Il a attendu son dernier jour pour me le donner, ce coup de poignard dans le coeur, sans rien me demander, le 31 octobre a ainsi sonné.
Il m’a trahie, il m’a envahie de tristesse et de chagrin…

Parce que je sais combien cette maladie est un fléau,
Parce que je sais qu’elle se soigne de mieux en mieux mais qu’elle tue encore beaucoup trop,
Parce que je sais qu’elle peut me choisir encore une fois,
Mais aussi parce que je sais que ma Véro aimait la vie, aimait son amie Valérie, et aimait tout ce que l’on entreprenait pour nos chères Roses Poudrées, j’ai continué à avancer boitante et le coeur abîmé…

J’ai accueilli le mois de Novembre la tête dans le cirage, les yeux emplis de larmes, le corps affaibli par les nuits de cauchemars, mais j’ai résisté, le mode pilotage m’a bien aidée.
Je l’ai fait pour elle, pour ma moitié.
Chaque matin je me suis levée, je me suis secouée, j’ai mis du froid sur mon visage, je me suis pincé les joues pour vérifier cette horrible réalité malgré tout : je suis en vie, je suis là, je ne sais pas comment je fais, mais je continue, je dors, je mange, je gère mes activités, puis le lendemain, je recommence sans aucun souvenir de la veille mais ça n’est pas grave, tout va bien, je suis là.

Je ne savais pas que Novembre déciderait de taper encore plus fort…
Je ne savais pas que d’une autre moitié, on allait me déchirer.
Ma Mimi, ma pote, ma jolie, mon binôme de boulot, elle aussi est partie, c’est d’un cancer du poumon cette fois-ci.
Je suis sous le choc de cette disparition si soudaine, je suis scotchée à nos derniers échanges de SMS où elle m’expliquait ses douleurs et ses frayeurs. Je les relis jours et nuits, je regarde de vielles photos de ma Mimi aux grands yeux bleus, j’écris à sa fille pour la soutenir, tenter de la réconforter d’un chagrin impossible à supporter.

Me voici vidée de deux moitiés, comment je fais pour continuer?
Tout mon corps pleure et fais jaillir cette tristesse, et mon coeur, lui, n’a jamais été aussi creux et douloureux qu’aujourd’hui.
J’ai confiance en sa capacité à se régénérer, je sais qu’il saura trouver la motivation pour redémarrer, mais j’ai besoin de faire un pause, de vivre ma tristesse, de prendre soin de moi, de prendre le temps de ne rien faire d’autre que de penser et me souvenir des bons moments partagés avec mes deux grandes amies, qui bien trop tôt, sont parties.

Je suis parfois tentée de les retrouver, de me dire qui si cela doit m’arriver, alors peut-être que le mieux serait le plus tôt tout compte fait. Je ne sais pas ce qui me fait penser cela, mais je crois que la mort aussi proche de moi me renvoie naturellement à mon propre destin.
Je ne sais pas si c’est normal, égoïste ou déplacé, mais c’est là, en moi en tous cas.

Dans l’attente d’un redémarrage à l’éloignement de ces nuages, et bien je prends le temps de pleurer, de ne rien faire, de rester au chaud, de me panser, je suis en mode hivernage.

7 commentaires

  1. Bonsoir Valérie, très touchée par tes mots , et un peu triste aussi …. si tu as besoin de parler , d’aller courir, surtout appelle moi
    Courage , je t’envoie plein d’énergie,
    Armelle.

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  2. Merci Valoocroft pour ces mots.. moi c’est ma maman qui m’a été enlevée le 19 octobre, d’une récidive fulgurante de ce si « rose cancer «  qui se soigne si bien .. elle n’avait que 67 ans.. je procrastine, je n’avance plus, je reste dans mon lit.. je gère les rancunes, les rancœurs de mes soeurs , leurs toxicités aussi.je suis à côté de ma vie en espérant des jours meilleurs. Je partage votre peine de ces vies volées par ce crabe et vous adresse mes condoléances.

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