J’ai promis à mon frère de m’assoupir en lui faisant signe que c’est OK. Il est passionné de plongée et le joli hasard de la vie fait qu’il est sous l’eau au moment où l’on m’envoie dans les bras de Morphée.
La veille, il partage avec moi son expérience lorsque qu’il s’immerge vers un monde plus doux pour lui : le sentiment de paix, la lumière au dessus de sa tête, la chaleur qui prend tout son corps et emporte son âme malgré lui. J’arrive à ressentir chacun de ses mots. Alors je lui promets de me connecter à lui ce matin, on plonge ensemble, on se tient la main : lui dans son océan thérapeutique, et moi dans ma mer médicinale.
Il me guide en sécurité dans cette descente en eaux froides pour un voyage sensoriel extraordinaire. Je l’entends qui me dit « Ne t’inquiète pas ma sœur, tu as assez d’oxygène dans tes bouteilles, je suis là à côté de toi et c’est ensemble qu’on remontera raconter tout ça ». Et je plonge avec lui, il est mon « professeur ».
J’ai promis à ma sœur de me réveiller vite et en forme. Elle est passionnée de sport, c’est un sacré bolide, une petite bombe, une bête de guerre cette nana là. Elle commence à s’y connaître en programme de récupération physique. Elle veut être là, avec moi pour cette étape qui selon elle conditionne beaucoup de choses pour la suite. Une bonne récupération permet de repartir mieux et plus vite vers de nouveaux challenges.
Elle sait que je ne suis pas toujours raisonnable, à vouloir en faire trop pour compenser ma taille, un petit pimousse comme elle dit, mais je n’ai pas son mental et sa rigueur : « Il faut respecter le programme si tu veux que ça marche, bien écouter les docteurs et les consignes, ne pas faire plus que ce qu’ils t’autorisent à faire… ». C’est bien la seule personne qui peut oser me recadrer ou m’engueuler sans que je cherche à me rebeller. C’est en confiance que je la laisse prendre soin de moi, sa douceur me fait craquer à chaque fois. Je l’écoute et je ne bronche pas, elle est mon « entraîneur ».
J’ai promis à mon mari d’être forte, de maintenir ma petite flamme suffisamment chaude et flamboyante pour lui et les enfants. Il est passionné de cinéma cet homme là. Je le vois qui me dit « dans un bon film, il faut du suspens ou de l’amour, un peu d’humour, beaucoup de surprises et surtout une fin qui donne envie d’inventer la suite… »
Il se moque souvent de mon côté un peu trop « carré » qui me force à rester dans ma zone de confort, à ne jouer que des rôles que je maîtrise, à avoir systématiquement peur des nouvelles aventures qui s’offrent à moi. Lui, c’est mon artiste romantique qui m’emmène depuis toujours là où jamais je n’ose aller. À ses côtés, l’inconnu ne m’inquiète pas, je prends du plaisir à explorer des chemins nouveaux, éviter la routine et me nourrir du changement. Je grandis à ses côtés depuis vingt ans déjà.
Et là, aujourd’hui, encore plus qu’au début de notre rencontre, je l’aime pour ça. Grâce à lui, je n’ai pas peur. Il a fait de moi une actrice à plusieurs facettes. Je vais être différente, mais il est là mon « réalisateur », il croit en moi, il absorbe toutes mes peurs, il sait que je vais y arriver. Il a besoin de moi pour écrire la suite, je suis son actrice phare, sa muse.
J’ai promis à tout le monde de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour essayer de guérir vite et continuer cette merveilleuse aventure qu’est la vie.
Je me suis promise de faire le nécessaire pour que l’autre vie qui m’attend soit au moins aussi belle que la précédente.
Pour tenir toutes ces belles promesses, mon premier petit pouvoir, c’est de bien écouter les conseils de mes trois guides, avoir confiance en eux, bien m’endormir, lâcher prise, me réveiller et ensuite on construira l’histoire ensemble.
Je ne me souviens pas de tout, mais avant de m’assoupir, j’ai embrassé tendrement mon réalisateur, j’ai tenu la main de mon entraîneur et j’ai basculé du pont avec mon professeur.
Puis je me suis réveillée, je pleure de joie je crois, tout s’est passé au mieux, j’ai envie de le hurler au monde entier. Pas de souci, le groupe WhatsApp s’en charge pour moi. Je suis heureuse, je suis en vie : c’est la première phrase de ma nouvelle vie et ma petite flamme est embellie.