
C’est totalement nue face à mes émotions que je me sens depuis quelques temps. Je ne les comprends plus, je ne les vois plus arriver, je me les prends de plein fouet.
Je les vis, j’en survis mais totalement épuisée.
Cet élégant drap blanc, cette seconde peau qui, habituellement, me protège des sollicitations sans cesse du monde extérieur, je crois qu’il a foutu le camp.
Sans m’en rendre compte, avec le temps, il s’est détérioré. Il est passé d’un bon vieux coton bien épais à un voile tout troué, laissant passer tel un panier percé les émotions, les agressions, venues me fragiliser et m’envahir au point de ne plus respirer.
Je n’ai pas vu venir cette désintégration car elle était si plaisante à son apparition.
Et oui, sentir plus, ressentir mieux, n’a pas que des mauvais aspects.
Je me suis mise à rire plus fort, à jouir de petits plaisirs quotidiens qui m’ont vraiment fait du bien, à me sentir vivante et vibrante de façon presque insolante.
Les étincelles sont devenues des feux d’artifice,
Le printemps : un miracle de la vie,
Un sourire : une reconnaissance éternelle,
Une journée sans trop de douleurs : le signe d’un immense bonheur,
Un joli échange : l’envie de croire aux anges,
Un examen positif : la guérison assurée,
Mes petits kilos en trop : quelle belle femme enveloppée.
Tous ces messages, bien que plaisants, limite excitants, ne sont pas les bons, j’ai besoin d’un diapason. J’ai perdu ce régulateur, ce cadre de référence qui me permet de me stabiliser, de m’adapter mais aussi de me protéger.
Car malheureusement, la vie n’est pas faite uniquement de petites joies et de doux plaisirs.
Cela fait plusieurs mois déjà que je constate que ma capacité à gérer les agressivités, les contrariétés et autres petits boulets, est bien secouée.
Je me tétanise face aux remarques légèrement troublantes, je me liquéfie face aux comportements déplaisants, je m’enfuis et m’isole dans une nouvelle camisole.
Je deviens de plus en plus sauvage, de moins en moins sociable. Le voile protecteur a complètement craqué. Je suis nue face au monde, face à moi et j’ai froid.
Je me suis mise à pleurer plus fort, à bouder à tort, à paniquer face à la mort.
Les nuages sont devenus orages,
Le printemps : un nid à allergies,
Un sourire : une moquerie, une plaisanterie,
Une journée sans trop de douleurs : la crainte que cela ne soit que pour une heure,
Un joli échange : méfiance, d’une relation étrange,
Un examen positif : le doute pour le suivant,
Mes petits kilos en trop : le signe d’une femme en partance pour l’obésité.
Tous ces messages, particulièrement déplaisants, limite déprimants, ne sont pas les bons, j’ai besoin d’un diapason. J’ai perdu ce régulateur, ce cadre de référence qui me permet de me stabiliser, de m’adapter mais aussi de me protéger.
Je suis incapable de comprendre comment cela m’est arrivé, comment j’ai pu laisser passer autant de temps avant de prendre conscience du changement enclenché.
Mon drap blanc est devenu voile puis devenu rien pour me lâcher à poil, nue comme un ver, prête à être envahie par tout ce qui passe, le bon comme le mauvais, ça me dépasse.
Cela me fait penser à cette fameuse histoire, celle de la grenouille qui, mise dans une casserole d’eau froide, portée doucement à ébullition sur un chaudron, ne se rend pas compte de la montée en température. Inconsciente du danger qui se présente, elle profite de cette eau douce pour nager et ne soupçonne pas que ce délicat bain est son dernier, car c’est cuite qu’elle va terminer.
Cette métaphore de la grenouille montre que, lorsqu’un changement s’effectue de façon suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite, la plupart du temps, aucune réaction, aucune opposition.
Je crois bien que je suis cette fameuse grenouille ces derniers mois, je ne vois que ça.
Le bon côté de la chose, c’est que je ne suis pas encore cuite, que j’ai enfin pris conscience du changement enclenché, et qu’il m’est suffisamment désagréable pour avoir envie d’y remédier.
À cet instant, je ne sais pas comment je vais procéder, mais je sais que je peux m’appuyer sur ma copine confiance pour m’aider à retrouver un peu de sérénité et surtout mes points de stabilité.
Ce que je retiens de ces derniers mois, c’est que tout changement n’est pas forcément bon, qu’il est parfois vicieux et peut s’imposer lentement mais sûrement.
J’ai besoin de maîtriser mes virages, de décider de changer ou non mes points d’encrages.
Alors pour le changement, je dis oui, pourquoi pas, mais c’est moi qui décide, je ne subirai pas.
Hello petite grenouille,
Alors moi à la lecture de ton si beau texte je ne vois pas une grenouille qui cuit doucement dans sa casserole sans se rendre compte de rien. Je vois plutôt une jolie langouste qui est en train de changer de carapace parce qu’elle grandit. Alors certes elle est un peu fragile pendant cette phase de transition mais elle va être encore plus belle et plus forte ensuite !
J’en profite pour te remercier pour tes beaux textes et tes tout aussi belles photos.
Namaste
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Oh mais que ce message est tout doux. Merciiii ♥️
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